Vendredis du Vin # 8: retour aux sources
Le thème de l'édition d'aujourd'hui des VdV nous vient de Lisa du blog
Vinorati, l'ordre du jour était: sélectionnez un vin provenant d’un cépage provenant de son chez soi. Bon, j'ai vite compris, qu'elle ne
voulait pas un vin de chez moi, je vous avais déjà fait le coup pour le vin de la sixième édition de votre vin tout neuf ,
donc il ne faut pas exagérer!
Mais comme mon amour de l'expression locale dépasse allègrement les limites de Lisson, je suis allée plus
loin, passant par le Pont de Tarrassac et suivant le cours de l'Orb jusqu'au beau village de Roquebrun, parce que je s'avais, que j'allais y trouver un spécimen, qui colle
bien avec la rédaction du jour.
Roquebrun fait partie de l'appellation Saint Chinian et peut même se vanter depuis 2004 de l'appellation Roquebrun village. Le premier domaine du village vinifiant en cave particulière, donc mettant son vin en bouteilles était il y a bien longtemps le Domaine Navarre, aujourd'hui exploité avec amour et une profonde connaissance de son terroir si particulier de schistes brunes par Thierry Navarre
Et s'est Thierry, qui à la
recherche de vieux cépages adaptés au climat et au sol, s'est rappelé de ce rang de cépage oublié mais encore bien existant de ses aïeuls:
Le Ribeyrenc, aussi nommé Aspiran, ou encore Spiran, Espiran (cité déjà en 1686 par Magnol), Espirant noir, Epiran,
Piran. Dans l'Aude : Riveyrenc, Riveyrène, Riverain (ce nom désigne aussi le Rosé du Var), Verdaï, Verdal noir, Peyral, Peyrar. Ferrandel (ancienne collection de Saumur).
Rutherglen (collection Australie).
comme nous apprend la page de l'ENSAM
Si vous voulez tout savoir sur la rocambolesque histoire de cette réintroduction d'un cépage oublié et donc entre temps même plus autorisé par l'administration française, allez écouter his masters voice - Thierry Navarre lui même, qui la raconte dans cette vidéo.
La description de l'ENSAM nous explique aussi, pourquoi le cépage n'était plus replanté après l'attaque du phylloxéra entre 1880 et 1890: c'est la même histoire comme pour la Carmenère, si chère à mon cœur ou d'autres autochtones délaissés: fertilité moyenne et rendements moyens à faibles, sensibilités à la pourriture grise, au mildiou, à l'oïdium et aux gelées d'hiver (particulièrement fatal en 1956). Donc rien qui vaille pour une viticulture productiviste à la recherche du gros rendement reproductible. Il fallait donc un mordu, comme Thierry, pour prélever les bois, le donner à greffer et replanter le cépage, sans savoir d'avance, quel résultat il allait obtenir.
Ce résultat est toujours plutôt confidentiel: les premières récoltes ont donné que quelques rares flacons, distribués au compte goute aux amateurs et même pas encore présents sur le tarif
du domaine ou sur son site. Mais les notes de dégustations commencent à apparaître ici et là.
"Léger, peu coloré, légèrement parfumé, robe rubis très clair, presque groseille, un bien joli fruité, avec un toucher de bouche très soyeux"
pas du tout étonnant, que certains trouvent même, qu'il "pinote".
Donc à surveiller dans les années à venir, pour voir, quel potentiel vont développer les souches en vieillissant et comment le vigneron va apprivoiser ce cépage, qui s'avère bien différent des
habituel costaux de l'appellation, que sont le Carignan, la Syrah, le Grenache et entre temps le Mourvèdre.
Et si vous lisez l'anglais et voulez vous instruire encore un peu plus sur les indigènes d'ailleurs, je vous conseille le compte rendu
wine blogging wednesday # 37: go native - indigenous varieties chez Dr.Vino de septembre
2007.