Dégustations du millésime 2005 "sauvages"
Parmi les visites à Lisson avec dégustation à la cave, que nous recevons du temps en temps, voici deux, qui ont fini sur des notes un peu inhabituelles, voir sauvages pour ce genre d’exercice.
Encore que les dégustations se passaient encore très classiques : après un tour dans les vignes plus au moins longue, selon l’envie et la forme du visiteur, nous revenons à la maison et poursuivrons le chemin du raisin à travers la pièce du haut avec ses cuves et le pressoir, jetons un coup d’œil à travers la trappe dans le sol, quand j’explique le transvasement des jus par gravité, pour finalement contourner la maison vers le bas et rentrer dans la cave à barriques.
Je suis contente de pouvoir de nouveau faire déguster des vins à la barrique : après l’élimination volontaire du millésime 2004, qui laissait bien sûr un vide à la cave, c’est au millésime 2005, de reprendre le relais. Mourvèdres et Pinots ont finis depuis décembre leurs fermentations malolactiques, les Cabernets dans leurs petit tonneau montrent encore quelques gaz – et se font remarquer par un plop bien pétante, quand je tire la bonde.
La longue période de froid cet hiver à aidé aux vins de se décanter encore plus que d’habitude. Les échantillons tirés à la pipette sont donc d’un rouge limpide et brillant, les nez très nets et en bouche, tous les trois font de nouveau preuve de cette fraicheur, qui surprend toujours dans les vins de Lisson, même dans les années chaudes et de grande maturité des raisins. Pour le Mourvèdre, des tanins bien élégants, sans aucune rugosité, plutôt sur des notes florales, comme toujours en première année d’élevage – plus de structure tannique encore anguleuse présente en bouche pour Pinot et Cabernets (les derniers déjà assemblés avec Cot et petit Verdot), un soupçon de boisé, mais point trop. Vu que tous les vins sont élevés en bois de plusieurs vins, ce n’est pas étonnant. Je ne cherche pas un goût de bois par l’élevage, mais je profite plutôt du contenant barrique pour une oxygénation ménagée des vins pendant l’élevage et une bonne clarification naturelle, qui m’évite toute intervention de collage ou filtration avant la mise en bouteille.
C’est vrai, là, en début du printemps, où le chai commence tout juste à remonter un peu en température (10 °C à la place du minimum de 8°C pendant l’hiver), j’ai beaucoup de plaisir, à présenter mes vins « nouveaux », qui me gratifient de l’impression, que les soins donnés jusque là leur ont fait du bien : des bien beaux adolescents, plein de force, mais étonnement bien élevés, bien léchés déjà pour leur âge – s’ils ne font pas des fugues imprévues en grandissant, ils vont faire leur chemin dans la vie.
Et pour faire plaisir à mes clients japonais, fidèles depuis quelques années et donc aptes à juger de l’évolution des vins de Lisson, j’ouvre une de mes dernières bouteilles du Pinot Noir, Cuvée de la Clôture (1997), VdT, le seul millésime, qui n’a pas vu de bois pendant son court élevage. J’ai retrouvé le texte de ma lettre aux clients et ami(es) de l’époque :
« Ça y est…….
1998 est – après un très grand investissement en temps et matériel – la première année sans dégâts de sangliers et nous avons pu mettre en bouteille la petite quantité qu'ils nous avaient laissée sur les souches en 1997.
Cette cuvée s'appelait "Cuvée de la clôture", parce qu'elle sortait l'année de la quatrième génération de clôture électrique à Lisson. (Ceux qui connaissent l'histoire de notre vignoble vont se souvenir du périple des dernières années: que de récoltes décimées par les sangliers!)
Elle n’offrait que 200 bouteilles de Mourvèdre 1997 et 150 bouteilles de Pinot Noir 1997 en "tirage de tête" et était donc très vite épuisée. »
Grande surprise à l’ouverture de la bouteille : un jus rouge clair (c’est vrai, il n’était pas beaucoup plus coloré à la mise, si ma mémoire est bonne, contrairement aux vins souvent noirs des autres millésimes), couleur délicate de pétales de rose – au nez un fruit pure et pareil des notes de roses anciennes, en bouche ce fruit persiste, une belle acidité, sans aucune trace d’agressivité et des tanins très fins, avec des notes épicées donnent envie d’y retremper ses lèvres.
Le tout accompagne étonnement bien un plat assez épicé à base de tomate et poivrons confectionné par Klaus – mais là, où je me régale le plus, c’est au fromage : un accord superbe et inattendu avec un chèvre déjà bien fait du plateau de la Salvétat.
Cela me rappelle les fins de repas dans le temps, quand la Syrah de notre ami Serge Boissezon s’accordait si bien d’un fromage bien affiné, que les repas devenaient interminables : une gorgée de vin, pour finir le fromage, un petit morceau de fromage, pour finir le verre, et ainsi de suite….
Notre client japonais est tellement enthousiasmé, qu’il demande, s’il reste une bouteille, pour la ramener chez lui, pour une dégustation, qui illustre l’évolution du Pinot au fil des années. J’en trouve encore un exemplaire « deriière les fagots » - celui-ci même couronné de la cire à cacheter et il va faire le longue voyage au pays du soleil levant.
Et en prenant la bouteille en photo, je me rends compte, qu’elle date encore d’une époque, à laquelle nos étiquettes n’étaient pas règlementaires. Je vous laisse chercher les erreurs !

Et du coup, je ne suis pas arrivée jusqu’à la partie « sauvage » des visites – promis, c’est pour le prochain billet.
En attendant :
Joyeuse Pâques pour vous tous et plein de bonnes bouteilles, pou accompagne vos agneaux pascaux, premières fraises et autre asperges, sauvages ou pas sauvages.
Joyeuse Pâques pour vous tous et plein de bonnes bouteilles, pou accompagne vos agneaux pascaux, premières fraises et autre asperges, sauvages ou pas sauvages.
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