Vendredis du Vin # 10: mes plus chères étiquettes

Je dois avouer, que, comme beaucoup des participants, je me laisse rarement aller à l'esthétique comme seul critère de choix. La plupart du temps, c'est soit parce que je connais le vigneron, soit, parce qu'on ma rendu curieuse on me parlant d'un vin, qu'une bouteille trouve le chemin dans ma cave et sur ma table.
Mais au fond de moi, je dois avouer, que je serais bien capable, de flancher sur un coup d'œil, si l'occasion se présente. Mais l'occasion, que j'espérais rencontrer pendant mon voyage en Allemagne la semaine dernière, n'était pas vraiment au rendez-vous. J'ai du beau scruter les vitrines de quelques cavistes sur mon chemin et quelques rayons dans des magasins - beaucoup de classique, de noir et blanc standard, pas vraiment de coup de foudre...
Je suis rentrée donc un peu bredouille - et avant de complètement sécher mon propre thème (quelle honte!), j'ai décidé de fouiller les cartons de ma cave pour voir, si je n'y trouvais pas quelques trésors cachés.
J'ai en effet ramené un choix de bouteilles, que j'ai envie de vous présenter, même si je n'ai pas eu le courage de tout ouvrir. Je les ai tous déjà goûté á un moment ou l'autre, mais sous ces conditions, vous allez me pardonner, si je ne vous livre pas de notes de dégustation précises. Comme tous ces vins me sont chers par leur origine, leur créateur, cela sera de nouveau un rapport plutôt émotionnel, que je vais évoquer.
D'ailleurs: aucun des flacons, dont je vais vous parler, est encore à la vente - certains n'étaient jamais destinés au commerce- chacun a son histoire personnelle, qui se reflète parfois dans l'étiquette.
D'ailleurs: aucun des flacons, dont je vais vous parler, est encore à la vente - certains n'étaient jamais destinés au commerce- chacun a son histoire personnelle, qui se reflète parfois dans l'étiquette.
Donc commençons avec les vins de deux vignerons, qui ont abandonnés
leurs vignes ou leur exploitations, suite à la crise, qui ne leur a pas laissée le temps, de s'établir sur le marché et de survivre aux contretemps (grêle, qui détruit une récolte entière,
fournisseurs, qu'il faut payer avant de gagner sa vie en vendant complètement sa première récolte, et banquiers, qui ne prennent pas le risque à financer des gens, qui démarrent dans un climat
économique moros...).

Les photos de leurs bouteilles, rescapées dans ma cave, montrent, que ce
n'est pas faute à un habillage négligeant et morne de leurs premiers bébés, qu'ils ont du jeter l'éponge après 3 et 4 ans. Et je peux vous assurer, que ce n'est pas la faute du contenu
non plus. Des vins à la base des cépages traditionnels du coin (Grenache, Carignan, Cinsault), vieilles vignes de coteaux à petit rendement, vendange manuelles et vinifications
classiques, sans matraquer les jus avec trop d'adjuvants, mais aussi sans tomber dans le laisser faire, qui peut être dangereux, tant qu'on manque d'expérience.
Des beaux vins avec de la densité, la typicité de leurs cépages, des prix
modestes (autour de 5 à 6 € départ cave) et, comme je trouve, un beau habillage, qui attire l'œil et donne envie de découvrir, ce qui se cache derrière. Pascal Brunier, du Mas des
Cerisiers, qui avait opté pour la belle étiquette de gauche sur sa Belle de Nuit, rosé de saignée, me racontait les heures, qu'il avait fallu, pour mettre la vieille étiqueteuse
au diapason d'une étiquette en deux morceaux. Chas Haskins, du Vin Bleu, collait à la main ces étiquettes, symbolisant le raisin suspendu à
un bout de sarment, dont le graphisme simple mais expressif est de Els Knockaert, artiste
belge, qui s'est installée à Olargues il y a quelques années.
Le label rouge indiquait le Carignan comme cépage, un autre en vert ornait le plus gouleyant Cinsault.

Le troisième vigneron, Serge Boissezon du Hameau de Boissezon, face à
Vieussan, n'a pas fait faillite, mais simplement pris sa retraite à 58 ans, possibilité, qui existe, quand on transmet ses terres à un jeune agriculteur (ici son neveu), qui
s'installe. Ses étiquettes, qu'ils fallait souvent coller soi même sur les rares bouteilles de son Syrah Grenache, élevé dans des vieilles barriques et d'une couleur profonde et
une densité magnifique, plein de fruit et de soleil, n'ont jamais vu un rayon de supermarché ou de caviste. Il fallait lui les extirper, on venant chez lui. La plupart trouvait le chemin
vers la Belgique ou l'Allemagne, dans les coffres des propriétaires de résidences secondaires autour de Vieussan, qui, souvent amateurs de bons vins, avaient tôt compris, que derrière ces
étiquettes sobres et discrètes, qui reflétaient bien le caractère du vigneron, se cachait la quintessence des terres ensoleillées et arides des coteaux de schistes, qui les avaient
vu pousser. Vignes menées en culture biologique depuis toujours (Serge était le premier, à avoir le label AB), à rendement minuscule, récoltées souvent en surmaturité par une
bande d'ami(e)s, qui savaient, que qualité primait ici sur quantité, dans une ambiance si joyeuse et détendue, qu'on n'avait même pas mal aux reins le soir, quand on vendangeait pour lui... Ces
bouteilles, qu'il bradaient à 12 F à l'époque, qui, au bout de quelques années dégustées à table entre amateurs, tenaient souvent la tête à des bouteilles autrement cotées (comme le même
millésime de Daumas Gassac par ex.) ... Merci Serge, de nous avoir fait des si beaux cadeaux!

Et pour compléter cette série d'étiquettes, chères à mon cœur, qui
survivent - souvent en pièce unique - dans ma réserve personnelle, encore une œuvre de Lorie, fille de Patrick Henquel, de la Closerie de Betrand, dont je vous ai déjà
raconté l'aventure d'un vigneron à temps perdu, itinérant entre Toulouse et Dio ici.
Encore un vin, que vous ne trouvez pas dans le commerce, qui n'a pas de prix, mais qui raconte la passion de son géniteur et vous transmet sa part du rêve, quand vous mettez le nez dessus.
Et pour clore cette épisode sur l'habillage de nos chers contenants, je vous ai trouvé quelques exemples d'étiquettes de fortune, collées sur les premières bouteilles de vin de Lisson, avant qu'on était au stade de nous décider pour une vraie.
Encore un vin, que vous ne trouvez pas dans le commerce, qui n'a pas de prix, mais qui raconte la passion de son géniteur et vous transmet sa part du rêve, quand vous mettez le nez dessus.
Et pour clore cette épisode sur l'habillage de nos chers contenants, je vous ai trouvé quelques exemples d'étiquettes de fortune, collées sur les premières bouteilles de vin de Lisson, avant qu'on était au stade de nous décider pour une vraie.



Chacune a son histoire, celle du milieu, par exemple, est le numéro
5 de 9 bouteilles "numérotées", qui représentaient notre première récolte sur la colline de Lisson en 1994. Un passe-tout-grain, mélange de tout nos cépages des vignes
en troisième feuille (3 ans après plantation). Une caisse, sur les quelques grappes, que nous avaient laissées les bêtes. éraflées à la main, vinifiées devant le poêle dans la pièce d'habitation,
pour maintenir la fermentation et pressées dans un torchon tordu des deux côtés, comme sur les fresques égyptiennes, pour en extraire le jus..... Il m'en restent 6, que je traite comme
le collectionneur ses plus prestigieuses flacons: je les regarde, je n'ose pas les boire!
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