Puissante manifestation de viticulteurs dans le Midi de la France
Midi et demi dans la vallée de l’Orb, là où le passage devant la mairie de Vieussan devient presque impraticable, tellement la petite route est bordé de voitures garées sur les bords et dans chaque bout de chemin ou de près à droite et à gauche.
En approchant, on ne croit pas ses oreilles : des cries rythmés au son d’un tambour et tout cela à peine dominé du son d’une cornemuse. Tout le bâtiment vibre – ma tête de curieuse dans la fenêtre entrebâillée, déclenche encore une série de cries plus forts : entrez- entrez – les tables sont mises les plats servis, il y a encore la place – le mieux, c’est de passer directement par la fenêtre.
Je fais le détour par la cour, où on enlève quelques mètres de saucisse fraîche, bien grillée, du gigantesque grill improvisé. Une douzaine de bénévoles coupent en morceaux, empilent sur des plats de service, distribuent dans la salle, qui suit avec enthousiasme le petit concert improvisé que donnent Archi, véritable Ecossais entre temps enraciné à Vieussan, sur sa cornemuse, et Gaby, sa compagne française, qui l’accompagne sur le grand tambour à main.

Les musiciens jouent en hommage aux 150 viticulteurs et associés qui sont réunis le longue des tables, après avoir passé la matinée dans les vignes d’un de leurs confrères, pour lui tailler les souches de toute sa propriété dans un commun élan de solidarité et générosité. Et les viticulteurs leurs rendent le salut.

Luc Guiraud, jeun vigneron en cave particulière du hameau Boisseson, petit pâté de maison en pierre en face de Vieussan, et sa compagne ont eu un grave accident de voiture quelques jours avant Noel. Les deux ont survécu, c’est important et déjà une chance, mais la rééducation sera longue – et les vignes n’attendent pas.
Et c’est ainsi, qu’en quelques jours, l’appel à la solidarité avec un confrère « dans la merde » à fait le tour du pays entre Olargues, Mons-la-Trivalle, Roquebrun, Berloup et Saint Chinian – et j’en oublie probablement encore :
armés de vos sécateurs !
Et ils étaient là, vignerons et viticulteurs, coopérateurs et indépendants, AOC et Vins de Pays ou Vins de Table – petit et grand propriétaire, ouvriers agricoles et tacherons, jeunes et retraités, hommes et femmes, chasseurs et footballeurs – malgré le match dans l’après-midi.
Gil Pla, le maire - viticulteur de Vieussan, appelle Luc sur son lit d'hôpital, pour lui faire entendre le soutient de la salle - à ce moment, il n'y a pas que les gens de sa famille, qui ont des larmes aux yeux....
Salade, fromage, dessert, café ... les troupes du service commencent à ranger les tables et nous nous retrouvons dehors au soleil de l'après-midi, pour partir direction Mezeilles, Col de Baous et arrivez au bout des dernières vignes à tailler.
Sécateurs à main, à deux bras, électriques à piles, reconnaissables aux petits « sacs à dos » rouges. La concertation va vite, on connait la chanson : chaque équipe se prends une vigne, chaque coupeur se prend un rang et on y va – sarments tous les deux rangs au milieu, pour qu’on puisse les broyer plus tard – les souches sont taillées en gobelets, donc une taille courte – de toute façon, ici, personne ne fait plus la course au rendement – on est d’accord là-dessus.

Et ensuite on n’entend d’abord que les claquements des sécateurs – notre vigne à 12 rangs qui grimpent en douceur les 200 m d’une pente en schiste exposé plein sud – on s’y met donc à douze. D’autres prennent des vignes plus hautes en face – d’en bas fusent des rires et nous indiquent, qu’il y a encore d’autres équipes arrivées sur « leurs » chantiers.

Bientôt on entend les blaguaires – il y en a dans chaque groupe – toujours – faut bien rigoler un peu. Et l’histoire du chien de sanglier qui soulève un âne et le fait partir en plein panique à travers tout Roquebrun, tout en braillant, vaut sont pesant de cacahuètes – et coute la vie à un fil de fer – faut pas rire et tailler au même temps avec ces puissant machins électriques !

Mais il reste le seul blessé – ouf – nous arrivons en haut - c’est finit. La caravane de véhicules reprends son chemin à travers les petits chemins sinueux – nous descendons vers Ceps et revenons en boucle par la route de l’Orb vers Vieussan. Au pont de Camps, on voit le Caroux et les dentelles des Gorges d’Héric au fond.

C’est un beau pays et un beau métier – surtout les jours comme aujourd’hui – où la solidarité n’est pas un vain mot, un appel en langue de bois, mais une chaleureuse et efficace réalité vécue par des hommes et des femmes, qui font quelque chose, pour que un des leurs puisse continuer à vivre de son métier, au pays.
Vive la manifestation de solidarité vigneronne qui nous à chauffé le cœur à nous tous ce samedi 11 février 2006.
Pour d'autres manifestations dans le Midi - celles-ci pas dans les vignes mais dans la rue, vous pouvez vous tenir informé ici ou donner votre opinion là.