Le Clos du Curé
Ces parcelles, tout en haut de la colline de Lisson appartenaient au début du siècle à un curé de Saint Etienne d’Albagnan. Il y faisait pousser son vin de messe, ou plutôt, il le faisait cultiver par Joséphine, sa bonne à tout faire. Une fille de la montagne, qui s’occupait du presbytère, menait quelques chèvres pour le lait et le fromage et montait travailler cette
vigne haute perchée.
Est-ce Joséphine avec ces chèvres?
Elle prenait le petit chemin, qui part derrière le mazet à travers les terrasses calcaires, qui sentent bon le thym et la lavande sauvage, passe le clapas avec son buis et arrive tout en haut. Là on voit Olargues avec sa tour et de l’autre côté la femme couchée, avec sur son flanc le Prieuré de Saint Julien d’Olargues. De là on entend les deux clochers – toujours un peu décalés, d’abord celui d’Olargues et 5 minutes après celui de Saint Julien.
Olargaise sur
une photo de 1890, qui porte son sa cruche
d'eau sur une cabillade - "une allure de reine"
Après la mort du curé, c’est d’abord son frère, Marius et ensuite son neveu, Antoine Tarbouriech, qui héritait les vignes, la maison et aussi la bonne. Les vignes du haut étaient abandonnées, quand Joséphine n’a plus pu monter par le sentier. La friche et les chênes verts reprenaient le dessus. Nous étions très contents quand Antoine était d’accord pour nous vendre ces terres « Là ou je vais aller, je ne les emporterai pas dans mes poches » disait il.
Il passait pour un original au village. Discret et timide, on le voyait tous les jours traverser les rues avec sa cruche, pour aller chercher l’eau aux trois fontaines – elle était tellement plus bonne et naturelle que celle du robinet, trouvait-il. « Ras Muraille », comme ils l’appelaient, avec son chapeau de paille et sa Deux Chevaux fourgonnette. Il continuait la culture d’une petite parcelle de vigne au bord de la rivière, déchaussant les vieilles souches, pour les fumer, rechaussons à la pioche, seul pour rentrer sa récolte. Chaque année il nous mettait un petit mot dans la boite à lettre, quand il avait besoin d’un « coup de barre » pour terminer la dernière pressurée de son vin à la cave – et il nous apportait un bouquet de hyacinthes au printemps, bien ficelé avec un brin de raphia ou une cargaison de choux fleurs de son jardin fin d’été, pour nous remercier.
Il restera dans notre mémoire - lui et ses histoires de Mademoiselle Clavel, la « pauvre Joséphine », qui savait lire le temps qu’il allait faire dans les nuages.
Le Clos du Curé, défriché et planté en Pinot Noir, redonne du vin et sa première cuvée 1996 portait le nom d’Antoine Tarbouriech, qui nous a quitté il y a quelques années et, bien sûre, la cuvée 1998 était dédié à Joséphine Clavel.

Les photos sont prises du livre: Vivre en Pays d'Olargues de 1870 à 1940, édité par Robert Guiraud et publié par la Société Archéologique et Historique des Hauts Cantons de l'Hérault, 1986.

Elle prenait le petit chemin, qui part derrière le mazet à travers les terrasses calcaires, qui sentent bon le thym et la lavande sauvage, passe le clapas avec son buis et arrive tout en haut. Là on voit Olargues avec sa tour et de l’autre côté la femme couchée, avec sur son flanc le Prieuré de Saint Julien d’Olargues. De là on entend les deux clochers – toujours un peu décalés, d’abord celui d’Olargues et 5 minutes après celui de Saint Julien.

d'eau sur une cabillade - "une allure de reine"
Après la mort du curé, c’est d’abord son frère, Marius et ensuite son neveu, Antoine Tarbouriech, qui héritait les vignes, la maison et aussi la bonne. Les vignes du haut étaient abandonnées, quand Joséphine n’a plus pu monter par le sentier. La friche et les chênes verts reprenaient le dessus. Nous étions très contents quand Antoine était d’accord pour nous vendre ces terres « Là ou je vais aller, je ne les emporterai pas dans mes poches » disait il.
Il passait pour un original au village. Discret et timide, on le voyait tous les jours traverser les rues avec sa cruche, pour aller chercher l’eau aux trois fontaines – elle était tellement plus bonne et naturelle que celle du robinet, trouvait-il. « Ras Muraille », comme ils l’appelaient, avec son chapeau de paille et sa Deux Chevaux fourgonnette. Il continuait la culture d’une petite parcelle de vigne au bord de la rivière, déchaussant les vieilles souches, pour les fumer, rechaussons à la pioche, seul pour rentrer sa récolte. Chaque année il nous mettait un petit mot dans la boite à lettre, quand il avait besoin d’un « coup de barre » pour terminer la dernière pressurée de son vin à la cave – et il nous apportait un bouquet de hyacinthes au printemps, bien ficelé avec un brin de raphia ou une cargaison de choux fleurs de son jardin fin d’été, pour nous remercier.
Il restera dans notre mémoire - lui et ses histoires de Mademoiselle Clavel, la « pauvre Joséphine », qui savait lire le temps qu’il allait faire dans les nuages.
Le Clos du Curé, défriché et planté en Pinot Noir, redonne du vin et sa première cuvée 1996 portait le nom d’Antoine Tarbouriech, qui nous a quitté il y a quelques années et, bien sûre, la cuvée 1998 était dédié à Joséphine Clavel.

Les photos sont prises du livre: Vivre en Pays d'Olargues de 1870 à 1940, édité par Robert Guiraud et publié par la Société Archéologique et Historique des Hauts Cantons de l'Hérault, 1986.
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