Vendredis du Vin #11 - Mes vins Ibériques
Bacalo du Meli Melo Gastronomique est le hôte de cette 11ième édition des Vendredis du
Vin et nous envoie de l'autre côté des Pyrénées, dans la péninsule Ibérique, voire si les autres n'ont pas aussi des jolies filles...
Pas facile encore il y a quelques années en arrière, de s'informer sur les vins d'Espagne de ce côté de la montagne. Je trouve dans ma bibliothèque le seul livre qui en
parlait à l'époque, quand on sillonnait les librairies à la recherche d'une information substantielle. Il l'est d’ailleurs resté, si je crois Amazon en tapant vignoble d'Espagne ou vin
Espagnol...

Alain Huetz de Lemps: Vignobles et Vins d'Espagne, Presses universitaires de Bordeaux, 1993
Et pourtant, point de vu histoire, la vigne peut aussi réclamer ses racines dans l'ère Romain, comme en France - et un des traités les plus fameux sur l'agriculture et la vigne nous vient de l'Espagnol Lucius lunius Moderatus Columella, dit Columelle , qui nous a laissé son célèbre de re rustica avec trois livres sur la viticulture, aujourd'hui facilement accessible dans une traduction française grâce à l'Internet.
Grâce au forum et blogs, la situation s'est aussi un peu améliorée, si on veut s'informer sur la production actuelle. LPV possède une rubrique Vins d'Espagne bien fournie en discussions et du temps en temps, on trouve aussi un vin Espagnol dans une dégustation sur un blog culinaire...
Les bars à tapas ont mit les vins Espagnols au goût du jour, au moins dans les grandes villes - mais je pense, qu'on doit encore être très loin de la multitude de cavistes spécialisés dans l'importation de vins Ibériques, comme on les trouve partout en Allemagne, qu'ils s'appellent bodega, vinaria ou tout simplement spanische Weine...


Cette petite appellation au nord-ouest de Tarragona (entourée de bleu-claire sur la carte), dont les paysages ressemblent beaucoup à ceux qu'on trouve autour de Saint Chinian et Berloup, était prospère dans le passé lointain, elle tient son nom d'un Prieuré fondé ici au 12ième siècle, Scala Dei (échelle de Dieu), dont on trouve encore l'écusson sur les bouteilles de l'appellation. Les vignes sur des pentes de schiste escarpées, entre 200 et 700 mètres, à tout petit rendements étaient assez délaissées il y a encore 25 - 30 ans, les viticulteurs restants, souvent âgés, amenaient leur raisins dans des bodegas, des coopératives.

Ce n'est que fin des années 80, qu'une nouvelle génération de vignerons venus de l'extérieurs, René Barbier (Clos Mogador), Carles Pastrana (Clos de L'Obac), Josep Lluís Pérez
(Mas Martinet), Daphne Glorian (Clos Erasmus) and Alvaro Palacios (L'Ermita) renouvelaient la réputation de ces terroirs et leurs vins sont vite devenus culte en Allemagne et aux
USA.
Ils implantaient des cépages Français (Cabernet, Merlot, Syrah), les photos prises dans leurs vignes montrent, qu'ils choisissaient aussi des terrains moins difficiles , si on compare avec les images des vieilles vignes sur le site
de l'appellation en cliquant sur visita virtual, qui m'ont fait penser à des sites entre Berlou, Escagnes et Mezeilles de l'autre côté de la montage au sud de Lisson.
Le vin, que j'ai dégusté pour vous, n'est pas un de ces vins culte -C'est le Clos Gebrat 1998 de la Vinicola del Priorat à Gratallops, qui regroupe 125
viticulteurs, qui cultivent 310 vignes sur 205 ha et produisent 450 000 kg de raisins. Donc des rendements moyens autour ou en dessous de 20 hl/ha.




Au bout de dix ans, ce
vin n'a pas changé de couleur, pas d'évolution visible. Au nez très sudiste, quoi d'autre... pour moi typiquement carignan, au début des notes de pruneaux. En bouche, je suis
surprise, parce que je m’attendais à plus de matière - vous savez, que j'aime les vins, qui ont un toucher en bouche, une texture dense, mais celui-ci est glissant. De nouveau des notes de
fruits à l'alcool, un peu de cerises noires, je ne sens pas le grenache et trouve une sucrousitée, qui me gène un peu, même si je suis sûre, qu'il n'y a pas de sucre
résiduel.
J'attends quelque temps, pour le goûter au fil du repas (pâtes avec sauce tomates au tandoori). En contact avec l'air, j'ai l'impression d'être face à un vin, qui était élevé
dans du vieux bois, pas un goût boisé (il n'en a probablement pas vu), mais une retro-olfaction, qui me fait cela, un peu desséchant. Non, dommage, ce n'est vraiment pas mon vin
culte.
J'en ai gouté trop d'excellents carignans grenache chez Thierry Navarre ou l'ami Serge Boissezon, pour accrocher avec ce Priorat - dommage. Je ne connais pas le prix -
mais je pense, qu'il doit se situer autour de 8 €.
Je vais être obligée de me ramener une bouteille d'Allemagne, en y mettant le prix, ce coup-ci.
Mais je ne regrette pas, d'avoir fait le voyage dans ma documentation sur les vins Espagnols - et je suis curieuse, de voire les découvertes des autres participants aux
VdV!